Le bar de la rue des Martyrs a fermé

Samedi 25 février 2023, François Hadji-Lazaro est mort et avec lui toute une histoire de la scène rock alternative française.

Qui n'a pas dansé et chanté sur le refrain enivrant de « Dans la salle du bar-tabac de la rue des Martyrs », où l'orgue de barbarie se transforme en un instrument de rock et où la voix éraillée de François Hadji-Lazaro nous amène directement dans ce lieu enfumé, qui transpire les bas-fonds de notre société. Mais avec lui, la poésie est toujours là, la clocharde est belle de ces dernières forces et l'ombre d'une vie devient la lumière de quelques autres écorchés. Ça c'était Pigalle !

François Hadji-Lazaro, c'était aussi celui qui est arrivé à métamorphoser la vielle à roue, la mandoline ou la cornemuse en des instruments punk-rock avec le fameux groupe Les Garçons de boucher.

Et de boucherie, il en a été question avec le label Boucherie production qui avait notamment, au catalogue, le mythique groupe La Mano Negra. C'était les années 80, c'était les années 90 où les concerts chahutés étaient légions et où les Wampas, les Béru' et Ludwig von 88 étaient à leur apogée ! Avec sa mort, c'est toute une partie de notre histoire musicale qui s'en va.

Mais François Hadji-Lazaro, c'était aussi une gueule et une belle gueule du cinéma. Certains l'auront découvert dans La cité des enfants perdus, de Caro-Jeunet et d'autres dans la comédie horrifique Dellamorte Dellamore, un film de 1994 où il joue un assistant de gardien de cimetière, handicapé mental qui tombe amoureux d'une morte.

Cette gueule, il l'ouvrait aussi pour les enfants. Peut-être que son passé d'instituteur a resurgi à la fin des années 2010 où il a publié des livres-disques pour enfants, les plus connus étant Pouët et Atchoum.

Sa voix, son crâne rasé, ses engagements, sa poésie et sa musique font aujourd'hui partie de la culture populaire française. Il n'aurait pas aimé être enterré au Panthéon, punk qu'il était, mais, avec lui, il faudrait inventer un panthéon des punks !

Laure-Meriem Rouvier

Article publié dans Le Crestois du 3 mars 2023

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