Sur la route de Cobonne
Le conte de Noël de Rhodoïd.
C'était pile un vingt-quatre décembre. 
Un jour où l'on n’aime pas se retrouver tout seul. 
Coincé au fond d'sa fiole, 
En tête-à-tête avec sa console, 
Alors j'ai pris ma bagnole.

Sur la route de Cobonne. 
Heureusement, je conduisais pénard. 
Quand un bahut à fond la gomme 
Déboule sec, crevant le brouillard. 
J'écrase mon klaxon. 
Il me dégaine ses phares. 
Je comprends qu'il s'en tamponne. 
Mais c'est déjà trop tard. 
L'instinct me pousse vers l'écart. 
Mes pneus crissent, croassent, gloussent 
Et lâchent le bitume. 
Je me retrouve hagard 
Sur le toit, dans les prunes 
Ou les pommes, en tout cas dans l'coltard.

Sur la route de Cobonne. 
Consciente de l'empreinte carbonne 
Elle pédalait sur son biclou 
En revenant d'je ne sais où... 
Le fada en camion, 
Elle le repéra de loin, et lui laissa la place. 
La route, le ciel, enfin tout ou presque 
Mais quand elle vit dans la pampa 
Là juste en contrebas 
Quatre roues qui tournaient dans le vide 
Les quatre fers en l'air, une voiture livide 
Son coeur se cabra, et son vélo aussi...

Sur la route de Cobonne 
Quand elle me réveilla 
Dans l'décor, suspendu par la ceinture 
Au siège de l'auto, dans le monde, à l'envers 
Rien à dire, rien à faire 
On est parti dans un fou rire 
De ceux qui vous rapprochent 
Vous éloignant de l'enfer 
Et vous rebranchant à l'univers.

La suite de l 'histoire, j'te laisse imaginer, toi 
Car le papier c'est cher, c'est comme le miel 
Surtout celui du Crestois. 
Faut l'économiser jusqu'au prochain Noël 
Et pour les sentiments, on sait que tu sais faire 
(mais, c'est peut être pas la peine de sortir la bagnole, ça marche pas à tous les coups) 
Alors joyeux Noël !
Rhodoid
Conte publié dans Le Crestois du 23 décembre 2022
