Bridge to Hell : une franche réussite !

Retour sur la deuxième édition du festival de métal qui s’est tenu les 9 et 10 septembre à Crest. Olivier Chapelotte était en immersion.

Dire que nous attendions impatiemment cette deuxième édition du Bridge to Hell est un euphémisme. D'une part parce que nous avions franchement apprécié la première édition de l'année dernière (dont nous vous avions longuement parlé en ces pages), mais également parce que l'affiche de cette nouvelle édition est, une fois encore, très alléchante.

Ainsi que vous avez pu le découvrir dans Le Crestois il ya deux semaines, l'équipe de La Boite en Metal, qui organise le festival, loin de se reposer sur ses lauriers, a travaillé dur tout au long de l'année pour proposer différents événements et concerts (pour les détails, nous vous renvoyons à notre édition du 2 Septembre 2022). Une implication qui en dit long sur la passion qui anime l'équipe.

Quoi qu'il en soit, le festival est de nouveau présent en 2022, à la même date et au même endroit que l'année dernière. Le site des Moulinages s'était en effet révélé particulièrement adapté, grâce notamment à son grand parking mais aussi à un aménagement intérieur original et très à propos.

La grande nouveauté de cette année, c'est le camping dédié au festival ! Idéalement situé juste en face des Moulinages, il a accueilli quelques dizaines personnes qui ont profité de ce site calme en ce début d'automne clément. Une bonne idée que de proposer un camping, car comme vous allez le découvrir, de nombreux festivaliers ont fait le déplacement de loin pour venir assister aux concerts. Mais n'anticipons pas...

Public Bridge to Hell

Jour 1, vendredi soir :

Il est 19h00 quand les portes ouvrent, et le public, en connaisseur, a répondu présent. Au final, plus de 300 personnes auront fait le déplacement pour cette première soirée, une fréquentation en nette hausse par rapport à l'année dernière dont on ne peut que se féliciter.

Le site est donc toujours aussi bien aménagé. On trouve l'indispensable buvette, toujours bien achalandée en produits locaux (dont l'excellente bière de la Brasserie de la pleine lune de Chabeuil), et les food-trucks présents permettent de se restaurer de manière qualitative pour une somme raisonnable. Cette année, dans un soucis de praticité (et aussi pour gagner un peu de place), les food-trucks ont été stationnés dans l'arrière cour. Une bonne idée, car cela permet de rallier facilement les nombreuses tables mises à disposition des festivaliers afin de se restaurer. Cela laisse également plus de place pour les stands de merchandising, mieux fournis que l'année dernière. Chacun peut donc acheter un souvenir de son groupe favori.

Comme l'année dernière, un très bon point pour l'aménagement du site.

Deuxième très bon point pour l'implication et le travail des bénévoles, qui s'affairent avec ferveur et efficacité. Rappelons que sans eux rien ne serait possible. Merci et bravo à eux pour leur inestimable apport.

Megaquoi

C'est à Megaquoi ? que revient la lourde tache d'ouvrir la soirée. « Megaquoi », mais kesako ?! Megaquoi ? est un tribute band (groupe qui rend hommage à un autre, NDLR) éphémère créé par Hubert de la chaîne YouTube Metalliquoi ?, pour un concert accompagnant la sortie de son épisode sur Megadeth. Les musiciens proposent un set couvrant une très large partie de la discographie de Megadeth, en faisant la part belle aux classiques du groupe. Un programme alléchant, donc !

Les musiciens, visiblement heureux d'être là, démarrent donc leur set avec un enthousiasme communicatif à 20h tapantes. La musique de la légende du trash est bien rendue, et la performance des musiciens fait honneur à la bande de Dave Mustaine (leader de Megadeth, NDLR).

Les classiques s'enchainent, avec en point d'orgue l'incontournable « Symphony of destruction » et un « Holy wars...the punishment due » accueillis comme il se doit par un public de connaisseurs.

Une très bonne entrée en matière.

P3C Lola

La tension monte de plusieurs crans quand Pogo Car Crash Control prend possession des lieux vers 21h30. Le groupe français est en plein ascension en ce moment grâce à son punk metal puissant et enthousiaste, mais également au charisme de sa bassiste Lola Frichet, qui se plait à bousculer les clichés sur les filles dans le milieu metal.

Et puisqu'on parle de bousculer, voilà un set qui secoue ! Le groupe est d'une efficacité redoutable, et chacun de ses membres déploie une énergie incroyable. Les deux guitaristes font trembler leurs instruments comme si leurs vies en dépendait, et le batteur fait montre d'un groove imparable.

Le public, dont une partie est venue spécialement pour Pogo Car Crash Control, ne s'y trompe pas et réserve un accueil plus qu'enthousiaste au combo parisien. Après 45 minutes d'un concert mémorable, qui aura vu à la fin du set le vocaliste se faire porter par la foule tout en continuant de chanter (!), « P3C » quitte la scène sous des applaudissements nourris avec la satisfaction du devoir accompli.

LE coup de cœur de cette édition, et un groupe promis à un très bel avenir compte tenu de cette prestation intense.

Sidilarsen 2

On ne présente plus Sidilarsen, la tête d'affiche de la soirée. Les Toulousains, actifs depuis 1997 (et oui, 25 ans déjà!) et auteurs de 7 albums studio, sont rodés à l'exercice live, et leur prestation est très attendue par le public.

Il est un peu plus de 23h quand le groupe investit la scène, et la première chose qui saute aux oreilles est la qualité du son du combo. Puissant mais très clair, parfaitement équilibré, la mise en son du rock/metal de Sidilarsen est absolument parfaite. Les années d'expérience parlent alors sur la scène, et la prestation du groupe est parfaitement maitrisée.

Une performance rehaussée par la présence de deux écrans géants sur lesquels le groupe diffuse des images illustrant sa musique. Très efficace. Le public, chauffé à blanc par les textes revendicatifs scandés par le vocaliste David Cancel, saute et ne ménage pas ses efforts pour rendre au groupe une partie de l'énergie qu'il lui envoie.

Le set d'une heure se conclue par le tube « Des milliards », sur lequel le groupe fait assoir tout le public pour symboliser le réveil du peuple, avant de le faire se relever en chantant à gorge déployée le refrain, même après que le groupe ai fini de jouer. Grand, grand moment, qui restera comme un des temps forts de cette édition.

Kamizol k

Il est plus de minuit et demi lorsque Kamizol-K investit la scène, mais l'horaire tardif ne semble pas avoir de prise sur la motivation du groupe. Quelle soirée pour les Lyonnais qui, après deux EP remarqués publiés en 2018 et 2019, sortent ce soir leur tout premier album ! C'est donc remonté à bloc que le sextet démarre son set, propulsant son hardcore metal avec force et conviction.

La musique du groupe est très puissante, et chaque morceau, hurlé par les deux vocalistes, est une véritable déflagration. Le moins que l'on puisse dire c'est que le groupe ne retient pas ses coups !

Après un set très dense de 45 minutes intenses, le groupe prend congés sous les applaudissements d'un public conquis. Kamizol-K est la révélation du festival, un groupe plein de potentiel qu'on vous invite à suivre et à qui on souhaite le meilleur pour l'avenir.

Il est deux heures du matin, l'heure de vider les derniers verres et d'aller prendre un peu de repos pour recharger ses batteries afin d'être prêt pour la soirée de samedi qui s'annonce tout aussi mémorable.

Rendez-vous demain !...

Jour 2, samedi soir :

A peine le temps de nous remettre de nos émotions de la veille que nous voilà de retour sur le site des moulinages pour le deuxième round de cette nouvelle édition du Bridge to Hell. Comme la veille, l'équipe de La Boite en metal ainsi que tous les bénévoles se révèlent à la fois professionnels et disponibles. Une vraie réussite sur laquelle nous reviendrons un peu plus loin.

Pour l'heure, il est temps de s'abreuver à la buvette, toujours bien achalandée et agréablement tenue, et d'échanger un peu avec les festivaliers rencontrés la veille. Premier constat : le public est encore plus nombreux que la veille. Plus de 400 personnes auront fait le déplacement (nouveau record pour le festival!), une fréquentation tout à fait honorable et en hausse par rapport à l'année dernière.

Solitaris

Ce soir, c'est à Solitaris d'ouvrir le bal. Le groupe parisien ne se laisse pas impressionner par l'enjeu et fait feu de tout bois avec son hardcore ravageur. Les musiciens, tous habillés de noir, ont le visage dissimulé par des masques et de grandes capuches pour un effet visuel très réussi.

Rehaussée de touches électro, notamment pour apporter des infra-basses, la musique du combo passe bien le cap de la scène et constitue une bonne entrée en matière pour cette deuxième soirée.

Vetrex

A peine le temps de se remettre que Vertex monte sur les planches. Le groupe compte en ses rangs Philippe Nore, également guitariste et chanteur de Foss qui avait fait très forte impression l'année dernière.

Le metal expérimental et très technique des Lyonnais embarque le public dans un déluge de décibels. Malgré deux petits soucis techniques vite réglés (et meublés avec humour par le vocaliste), le set de Vertex convainc les amateurs de metal puissant et complexe, dont un Reuno (chanteur de Lofofora qui jouera plus tard en tête d'affiche), qui est venu en toute simplicité se glisser dans la foule pour assister au concert.

C'est le moment d'aller prendre un peu d'air frais et de boire une bière, mais une bonne partie du public vient d'ores et déjà devant la scène afin de profiter du soundcheck de Loudblast, preuve de la popularité du groupe.

Loudblast

Car tout metalleux français vous le dira, Loudblast c'est une valeur sure. Pas le groupe de metal français le plus médiatisé, mais un groupe dangereusement efficace et particulièrement intègre.

Formé en 1985 à Lille autour du chanteur et guitariste Stéphane Buriez, le groupe fait partie à la fois des vétérans (plus de 35 ans de carrière, tout de même) et des pionniers de la scène metal extreme française. Un vrai honneur et un plaisir, donc, que de recevoir Loudblast en terre Crestoise afin de profiter de son trash metal ravageur.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que le groupe est en forme, particulièrement Stéphane qui communique beaucoup avec le public dès les premières notes et n'aura de cesse de le haranguer au cours d'un set d'une petite heure qui passera bien vite. Pogos, circle pits, slams, le public, nombreux, ne ménage pas son énergie, et ce sont des visages essoufflés mais barrés d'un grand sourire que l'on retrouve un peu plus tard au stand de merchandising pour échanger avec le groupe poignées de mains et félicitations.

Bravo à Loudblast, modèle d'efficacité et de disponibilité, qui aura marqué (une fois de plus) les esprits.

Lofofora 2

Il fait chaud dans la salle, mais la température s’apprête à monter encore d'un cran, car la tête d'affiche du festival, Lofofora, se prépare à prendre d'assaut la scène. Formé au début des années 90, le groupe parisien, au line-up resté stable depuis 2009, est, comme toujours, prêt à en découdre. L'énergie et la colère sont, depuis toujours, les moteurs de « Lofo », et son metal moderne et infusé au punk va faire trembler les murs des Moulinages.

C'est donc un peu avant minuit et demi que le groupe monte sur scène au son d'une intro instrumentale rapidement balayée par Reuno (chant), qui saisit immédiatement le public à la gorge et ne le lâchera plus de la soirée.

Impressionnant de voir comme le vocaliste est un frontman doué, toujours soucieux du public, semblant possédé par moment, mais assurant ses parties de chant avec brio. Derrière lui le groupe joue ultra carré (quelle section rythmique!), et on comprend mieux alors la réputation de bête de scène du groupe. Le public ne s'y trompe d'ailleurs pas et réserve un accueil phénoménal à Lofofora qui quittera la scène vers 1h30 du matin sous des applaudissements nourris. Quelle fin de soirée !

Le public, rincé mais heureux, quitte alors progressivement les lieux avec le sentiment d'avoir passé de très bons moments, et chacun espère déjà revenir l'année prochaine pour une troisième édition du Bridge to Hell !

Voilà donc la deuxième édition du Bridge to Hell terminée. 

Avant toute autre considération, il convient de saluer comme il se doit toute l'équipe de la Boite en Metal. Comme l'année dernière, le professionnalisme de l'organisation force le respect.

Le festival s'est une nouvelle fois déroulé dans de parfaites conditions d'accueil et de sécurité, ce qui a permis à chacun de profiter de la musique dans des conditions optimales. Bravo aux organisateurs, bravo à tous les techniciens et un immense merci à tous les bénévoles, qui n'ont une nouvelle fois compté ni leur temps ni leurs efforts, pour le travail ô combien précieux.

En guise de bilan, on notera une fréquentation en nette hausse, une affiche une nouvelle fois très pertinente et des retours extrêmement positifs de tous les participants (musiciens, techniciens, bénévoles, public, etc).

Le Bridge to Hell étend par ailleurs son influence, puisqu'en plus des nombreux locaux, heureux de pouvoir écouter du metal dans le Val de Drôme, on croise de nombreuses personnes ayant fait le déplacement de plus loin : Lyon, Grenoble, Avignon, ou encore Montpellier (Sylvain, un sympathique brasseur artisanal) et même Lausanne en Suisse ! Une nouvelle preuve de sa pertinence et de sa qualité.

Le Bridge to Hell a donc passé brillamment le cap de la deuxième édition, et a prouvé qu'il a tous les atouts pour devenir un événement récurrent du paysage culturel Crestois, et même Drômois.

C'est en tous les cas ce qu'appellent de leurs vœux tous les festivaliers avec lesquels j'ai eu le plaisir d'échanger. Alors encore bravo pour ce week end, et rendez-vous en 2023 pour la troisième édition !

Olivier Chapelotte
Photos : © Vyking

Article publié dans Le Crestois du 16 septembre 2022

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