Une tribune de « quelques écolos du coin ».

Le maire de Crest et ses amis veulent lancer plusieurs navettes autonomes high tech « Beti » – opérant sous le groupe de transport drômois Bertolami, et équipées par le système de navigation de la start-up lyonnaise Gama ex-Naviya, dont l’activité est en train d’être reprise par le groupe japonais de semi-conducteurs Macnica (laquelle start-up avait déjà été sauvée par les transports Gaussin suite à une faillite, ndlr) – sur Crest. Il s’agit de mini-bus connectés sans chauffeurs. La majorité municipale a annoncé qu’elle choisirait les parcours de ces transports par robots roulants en avril.

Nous voulons l’abandon de toute expérimentation ou implantation de navettes autonomes de type Beti ou autres dans les rues de Crest et en Vallée de la Drôme.

D’un point de vue écologique et social, aucun véhicule robotique « high tech » bardé de caméras, de capteurs, de radars et de logiciels complexes (beaucoup d’énergie, de serveurs et d’ordinateurs pour les créer et les entraîner…) ne peut être une solution positive pour le présent ou l’avenir. En effet, la fabrication et le fonctionnement de ces robots complexes nécessite de créer et maintenir une très lourde infrastructure industrielle mondialisée. De nombreuses mines de matières premières plus ou moins rares aux usines d’assemblage, ce sont de lourdes structures très matérielles qui sont nécessaires, lesquelles génèrent des émissions de CO₂, pollutions, déforestations, déplacements de populations, gouvernances politiques hiérarchiques et autoritaires, réseaux logistiques mondialisés, etc.

Ajoutons l’inflation techno-numérique qui nous coupe des autres et de la réalité, les risques d’accidents routiers, une complexité qui implique la dépossession des processus de fabrication et de mise en œuvre (réservés à des spécialistes experts)… Les navettes autonomes ne sont pas soutenables écologiquement et socialement, donc elles sont indésirables.

D’autres options sont possibles et souhaitables, elles sont à réfléchir et à mettre en œuvre collectivement (low tech, entraide, refonte de l’urbanisme, relocalisations, facilitation de la marche et du vélo, repenser les services et les transports, etc).

Dans la Vallée, on n’a pas de grosses industries de l’électronique type STMicroelectronics ou de centres serveurs auxquelles s’opposer, mais on peut contrer des applications locales de ces industries de hautes technologies (5G, cabines de consultations médicales à distance, casques virtuels à l’école, navettes autonomes…).

Nous avons donc lancé une pétition contre le déploiement de ces navettes.

Merci d’avance pour vos signatures. Merci de faire circuler cette pétition autour de vous. Pour compléter cette pétition et faire annuler ce projet de navettes sans chauffeurs, d’autres actions sont possibles/indispensables, à plusieurs ou individuellement, par exemple :

• Organiser à Crest et alentour des réunions publiques sur ces sujets ;
• Interpeller les élus (Crest, 3CPS, CCVD, Département, Région…) sur ces sujets ;
• Interpeller les entreprises concernées : Entreprise Bertolami, Eurovia, Gama, MAIF… ;
• S’inviter aux événements en rapport avec ce projet de navettes (conseils municipaux, permanences, présentations, tests…) ;
• Communiquer via articles, affiches, rassemblements, manifestations… ;
• Proposer d’autres options d’urbanisme et de mobilité, d’autres projets communaux, d’autres modèles de société et de mobilité… ;
• Autres actions surprises.

Au lieu de subir constamment les décisions unilatérales d’élus locaux et de se soumettre aux logiques capitalistes et technologiques indésirables, il est important de se réunir pour lutter ensemble et faire grandir des projets de sociétés vivables et désirables, socialement justes et écologiquement soutenables.

Les catastrophes sociales, écologiques, climatiques en cours méritent bien mieux que du solutionnisme technologique et du rapiéçage. On a besoin de vraies améliorations/transformations sociales et politiques, pas de robots « high tech » en roue libre dans nos rues.

Et si on mettait fin à la résignation et à la soumission par rapport à ces projets présentés abusivement comme bons et inéluctables ? Ce projet aberrant de navette autonome Beti est une bonne occasion pour se relever, réfléchir et agir. Une pétition n’est qu’un (très) modeste début en ce sens. C’est à nous toutes et tous d’aller beaucoup plus loin ensemble.

Tribune publiée dans Le Crestois du 26 avril 2024